Dossier d’œuvre objet IM14006129 | Réalisé par
Billat Hélène (Contributeur)
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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  • opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Caen - Caen-6
  • Commune Caen
  • Adresse place Reine Mathilde
  • Emplacement dans l'édifice transept, bras sud, angle sud-est

Dans sa monographie consacrée à l'église Saint-Gilles (1884), Jules Pépin décrit le maître-autel qui ornait le chœur de l'édifice dont le chevet a été détruit en 1864 dans le cadre des travaux d'alignement de la rue des Chanoines : le chœur "avait été [muré] par suite de l'établissement d'un immense rétable en bois de chêne. Ce rétable, d'une mauvaise exécution, avait été posé dans le 17e siècle, époque où ce genre d'ornementation était en vogue. Il est orné, de chaque côté, de deux colonnes ; au centre, se trouve un tableau à l'huile représentant l'Ascension (sic). Entre les colonnes se voit un saint dans une niche surmontée d'un fronton triangulaire supportant deux anges. Ce sont : saint Gilles, à gauche, et saint Loup, à droite. Ces colonnes servent d'appui à un grand fronton coupé, au centre duquel se voit le Sauveur dans une niche, et sur le rampant du fronton, deux anges assis, sonnant de la trompette". D'après les comptes du trésorier de la paroisse Saint-Gilles, l'auteur relève pour l'année 1582 : "Fait l'image St-Loup et réparé l'image St-Gilles, 2 sols". Malgré le jugement sévère sur le retable du Grand Siècle, qui témoigne de l'évolution du goût et de la désaffectation de cette art au 19e siècle, la description qu'en dresse Jules Pépin est précieuse car cet ensemble n'existe plus. Il ne subsiste que la statue de saint Loup, identifiée à tort, par un cartel, à saint Exupère. Deux autochromes conservés au musée Albert Kahn (Archives de la planète) corroborent ce descriptif. Ils sont dus à Auguste Léon (1857-1942) qui réalise pour le compte du banquier Albert Kahn plusieurs vues de la ville en juillet 1912. Ils montrent, comme les cartes postales contemporaines, que la totalité du mobilier de l'église Saint-Gilles n'a pas été transféré immédiatement après la destruction de son chevet et la translation de la paroisse en l'église de la Trinité, effective le 2 février 1865. On peut supposer une date d'entrée de la statue de saint Loup dans cet édifice après 1940, date à laquelle le couple Engerand la mentionne encore dans le retable de l'église Saint-Gilles détruite dans les bombardements de juin 1944.

La source trouvée par Jules Pépin permet de dater la statue de saint Loup du dernier quart du 16e siècle. Elle pourrait être contemporaine de l'ensemble du maître-autel, datable de la fin du 16e siècle ou du début du siècle suivant, où se voit au retable un tableau à l'esthétique maniériste (Résurrection du Christ, copie supposée dont il est difficile de donner le modèle en raison de la faible définition du cliché d'Auguste Léon mis en ligne sur le site du musée Albert Khan ; il peut être rapproché de la gravure de Lucas van Doetecum d'après un tableau de Frans Floris (1516-1570), Art Institute de Chicago, 1557) qui diffère du style des deux statues disposées dans les niches. La statue de saint Loup, unique témoin du mobilier liturgique du chœur, présente une qualité de sculpture en dépit d'un décapage ayant supprimé sa polychromie, notamment dans le rendu de la chevelure et de la barbe finement ondulées et des plis de la chape. Elle est actuellement exposée dans une niche néo-gothique aménagée dans chapelle donnant sur le bras sud du transept dans le 3e quart du 19e siècle. La crosse est moderne.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 16e siècle, 1er quart 17e siècle , (incertitude)
  • Dates
    • 1582, daté par source

La statue présente un revers ébauché du fait de son emplacement primitif dans une niche. Elle repose dans une niche néo-gothique qui n'est pas tout à fait adaptée à l’œuvre positionnée légèrement de biais. A portée de main et dépourvue de protection, elle mériterait un autre emplacement du fait de sa valeur et de son état de conservation.

  • Catégories
    sculpture
  • Structures
    • revers ébauché
  • Matériaux
    • bois
  • Mesures
    • h : 100 centimètre (hauteur sans le socle)
    • la : 37 centimètre
    • pr : 35 centimètre
  • Précision dimensions

    Largeur et profondeur approximatives.

  • Iconographies
    • saint Loup
  • Précision représentations

    Le cartel fixé sur le socle moderne donne une identification erronée de l’œuvre qui ne représente pas le premier évêque de Bayeux mais le quatrième. Ses habits et ses attributs ne permettent pas ici de le distinguer d'autres évêques. Il est revêtu d'une ample chape prélatrice sur une soutane et un rochet, le chef couvert d'une mitre. Il tient de la main gauche la crosse, bâton pastoral des évêques, insigne du pouvoir épiscopal comme la mitre.

    Natif de Bayeux, Loup est converti par l'évêque Rufinien. Dans ses Études sur l'origine du diocèse de Bayeux (1863), Jules Lair indique qu'il aurait été élu per saltum (avant d'avoir été ordonné prêtre) et sacré par Sylvestre, archevêque de Rouen. D'après la légende, il débarrasse la ville de Bayeux d'un loup qu'il tue et jette dans la Drôme, en un lieu baptisé Saint-Loup-Hors. Il accomplit des miracles durant son ministère, rendant la vue aux aveugles. Décédé au 3e quart du 6e siècle, il est inhumé dans l'église Saint-Exupère de Bayeux. Suite aux invasions scandinaves, les reliques du corps de saint Loup comme celles de saint Vigor sont dispersées et abritées au 10e siècle à Corbeil, dans la collégiale Saint-Spire, puis profanées à la Révolution.

  • État de conservation
    • manque
    • oeuvre brûlée
  • Précision état de conservation

    État en 2014 : bois anciennement polychromé et doré entièrement décapé. Socle et crosse modernes. Mains paraissant être des remplois ou bien retaillées au niveau des poignets, s'adaptant mal à l’œuvre. Manques ponctuels localisés sur le manteau et le sommet de la mitre. Bord senestre du manteau calciné. Fentes relevées sur le socle.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

La statue de saint Loup est le seul élément de décor connu du maître-autel de l'église Saint-Gilles définitivement détruite lors des bombardements de 1944. Elle constitue de fait un témoin rare de la statuaire religieuse caennaise du dernier quart du 16e siècle.

Bibliographie

  • ENGERAND, Fernand et Marthe. Les Trésors d'art religieux du Calvados. Tome 1 : Caen et l'arrondissement de Caen. Caen : Marigny et Joly, 1940.

    Bibliothèque universitaire - Droits-Lettres - Fonds Normand, Caen : N RB I a 8516 . BUDL. DLFDN
    p. 24.
  • PEPIN, Jules. Notice sur la paroisse Saint-Gilles de Caen. Caen : impr. Vve A. Domin, 1884.

    Archives diocésaines, Bayeux
    p. 4, 26.

Documents figurés

  • Vue intérieure de l'ancienne église Saint-Gilles à Caen, autochrome par Auguste Léon, photographe, juillet 1912 (Musée départemental Albert-Khan ; A 6 539).

    Musée départemental Albert-Kahn, Boulogne-Billancourt : A 6 539
  • Vue intérieure de l'ancienne église Saint-Gilles à Caen, autochrome par Auguste Léon, photographe, juillet 1912 (Musée départemental Albert-Khan ; A 71 865 X).

    Musée départemental Albert-Kahn, Boulogne-Billancourt : A 71 865 X
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Normandie - Inventaire général
Billat Hélène
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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